VERSE TRANSLATION
CHARLES BAUDELAIRE SPLEEN - QUAND LE CIEL BAS ET LOURD
CAVALCANTE
1st June 2020
Ben Michalski / CC BY-SA (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)
At times a low and lead-filled sky can press
(imprisoning the full horizon’s scope)
On boredom-bitten souls in sharp distress,
And pour black days like nights devoid of Hope;
Or, yet still, Earth is like a damp cell where
Hope beats its fragile wings against hard walls;
Poor bat that hurts its head, being unaware
Of rotting ceilings, down from which it falls;
Or, then, when prison bars are made by rain,
Streaming its runnels on the glass, and hordes
Of filthy spiders, lodged inside my brain,
Thread tight their filaments – though, with no words;
And suddenly, bells spring; they hatefully
Declaim a hideous scream towards the sky,
Like stateless refugees who cussedly
Indulge in bleating, drably asking ‘Why?’
Slow, unaccompanied by dirge or drum,
Long hearses make a progress through my soul,
And on my lowered skull, as Hope’s tears come,
Then feral Anguish plants Death’s bandarole.
Spleen
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
II nous verse un jour noir plus triste que les nuits;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
— Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.